Le Casseur d’os – volume 22

 

Sommaire Le Casseur d’Os N° 22

Notes d’Ornithologie Pyrénéenne n° XXVII . Novembre 2020 à octobre 2021

Jean-Louis GRANGÉ, François BALLEREAU, Stéphane DUCHATEAU, Geoffrey DUPONT, Jean-Jacques HOURCQ, Sébastien PÉRÈS, Dominique RAGUET & Patrice URBINA-TOBIAS
rédacteurs pour le GOPA

L’avifaune du bassin de l’Adour s’enrichit d’une nouvelle espèce au cours de la période considérée : le Roselin githagine Bucanetes githagineus. Un autre événement marquant est le remarquable afflux d’Étourneaux roselins Pastor roseus s’étant produit dans les derniers jours du mois de mai, ce qui n’était probablement pas arrivé dans notre région depuis la fin du XIXe siècle (1871). Parmi les autres « raretés » signalées, nous pouvons mentionner le Fuligule à bec cerclé Aythya collaris, le Flamant rose Phoenicopterus roseus dont (de manière inattendue) la présence devient régulière chez nous, le Coucou geai Clamator glandarius, les Marouettes poussin Zapornia parva et de Baillon Zapornia pusilla (cette dernière sans doute plus régulière que ne le laissent penser les rarissimes observations visuelles), le Chevalier à pattes jaunes Tringa flavipes, les Goélands bourgmestre Larus hyperboreus et à ailes blanches Larus glaucoides, le Vautour de Rüppell Gyps rueppelli, l’Hirondelle rousseline Cecropis daurica et la Fauvette orphée Curruca hortensis.

Bilan du baguage des passereaux migrateurs sur les Barthes de la Nive (Pyrénées -Atlantiques) . Saison postnuptiale 2021

Philippe FONTANILLES, Gilles MOURGAUD, Fanny REY & Céline LUCIANO

Au total 2197 captures ont été réalisées pour 40 espèces. 21 espèces migratrices de courtes distances ont été capturées représentant 87.8% des captures. Deux espèces rares ont été observées : 3 Bruants nains Emberiza pusilla et 1 Pouillot brun Phylloscopus fuscatus.

Le Martinet à ventre blanc Tachymarptis melba dans les Pyrénées occidentales

Stéphane DUCHATEAU
Trois colonies de reproduction, ne rassemblant que quelques couples, sont découvertes à Lescun en 1995, 2011 et 2019 respectivement.
Un couple a par ailleurs tenté de nicher en 2013 sur l’église du village de Laruns en vallée d’Ossau. Dans les Hautes-Pyrénées, la présence du Martinet à ventre blanc était régulièrement notée autour de Gavarnie depuis les années 1930, mais il faut attendre 2017 pour qu’un site de reproduction, rassemblant seulement quelques couples, soit enfin localisé. Plus à l’Est, une petite colonie découverte en 1990 à Troubat (vallée de la Barousse) était toujours active au cours des années 2010. Les sites de reproduction sont donc très peu nombreux et certains sont abandonnés à l’heure actuelle, signe d’une probable régression locale de l’espèce.

Premières données sur le régime alimentaire du Chat forestier Felis silvestris dans les Pyrénées occidentales françaises

Stéphane DUCHATEAU, Christian RIOLS & Luc CANTEGREL

Le régime alimentaire du Chat forestier a été étudié grâce à l’analyse du contenu de 112 crottes récoltées entre 2011 et 2020 dans les Pyrénées occidentales françaises (essentiellement dans les vallées de Barétous, Aspe et Ossau en Béarn). 512 proies appartenant à 24 espèces ont été identifiées. Les micromammifères représentent 94.1 % des proies pour 96.6 % de la biomasse consommée, avec une prépondérance de deux espèces qui constituent la base du régime : le Mulot sylvestre (représentant 31.2 % des proies) et le Campagnol roussâtre (30.9 % des proies). La proportion cumulée de ces deux espèces dans le régime est maximale (78.9 % des proies) lors des années faisant suite à une abondante fructification du hêtre . Cette proportion diminue fortement les autres années (45.3 %), au bénéfice notamment de plusieurs espèces de campagnols inféodées à des habitats plus ouverts. Les variations saisonnières (« hiver » « été ») dans la composition du régime ne sont pas significatives.

Phénologie migratoire du Guêpier d’ Europe Merops apiaster dans le Bassin de l’Adour

Jean-Louis GRANGÉ

Le Guêpier d’Europe est un estivant nicheur dans le Bassin de l’Adour. Nous analysons sa phénologie migratoire dans ce travail pour la période 2000-2021. La date moyenne d’arrivée se situe le 4 mai (24/04-12/05) pour des moyennes de première observation au 15 avril (02/04-01/05). Les derniers migrateurs prénuptiaux sont contactés en moyenne le 27 mai. Lors du passage postnuptial, la date moyenne générale de départ est le 29 août (17/08-11/09) avec la moyenne des premiers départs le 3 août. Celle des dernières observations se situe le 17 septembre (31/08-02/11). Dans le sud-ouest de l’Europe la phénologie migratoire est assez semblable à celle définie pour le Bassin de l’Adour, expliquée par les mêmes voies de migration suivies par ces populations et une aire de répartition estivale restreinte. Les oiseaux d’Europe centrale n’empruntant pas Gibraltar ont une phénologie sensiblement plus tardive.

Aigle royal Aquila chrysaetos variante « Barthelemyi » dans les Pyrénées et le Massif central

Philippe FONTANILLES, Flavien LUC, Christian ITTY & Jacques BOUILLERCE-MIRASSOU

La variante Barthelemyi de l’Aigle royal a été observée dans les Pyrénées de 2016 à 2022, dans l’Aude en 2022 et dans le Massif central de 2014 à 2022. Elle se caractérise par des taches blanches aux épaules. Rarement observée et peu connue, elle peut passer inaperçue. Cette note détaille les risques de confusion avec un Aigle ibérique ou un Aigle impérial . Cette particularité de plumage semble être phylogénique au genre et se rencontre quelques fois chez l’Aigle royal.

Migration postnuptiale de la Locustelle tachetée Locustella naevia dans le sud-ouest de la France: phénologie et effet de l ‘âge

Jean-Marc FOURCADE & Philippe FONTANILLES

Nous avons étudié la phénologie de la migration postnuptiale de la Locustelle tachetée avec des données issues du camp de baguage des Barthes de la Nive (Pays basque), collectées à Villefranque du 01/08 au 02/10 en 2010 et 2011. La migration s’étalait sur toute la durée de l’étude pour les jeunes de l’année, tandis que la période d’activité migratoire principale était significativement plus tardive et condensée chez les adultes. Les captures des jeunes augmentaient rapidement début août et la période principale du passage s’étendait jusqu’à la 1ère décade de septembre incluse, pour une date médiane de passage au 25/08. Celle des adultes ne débutait qu’à la fin du mois d’août avec une augmentation très rapide des captures pour une date médiane de passage au 04 septembre. Les adultes représentaient 12.8 % des captures alors qu’ils sont quasi-absents plus au nord en France (Bretagne, estuaire de la Loire). La roselière dégradée de Villefranque pouvait représenter un habitat optimal prioritairement exploité par les adultes.

Moineaux domestiques Passer domesticus nicheurs dans des loges de Pic épeiche Dendrocopos major

Michel CHALVET & Geoffrey DUPONT

Nous rapportons deux cas de reproduction du Moineau domestique Passer domesticus dans des cavités de Pic épeiche Dendrocopos major, comportement très rarement signalé. Après avoir décrit en détail les faits, dont l’expulsion d’un couple de Sittelle torchepot Sitta europeae de l’une de ces cavités avant de s’y installer, les divers supports de nid originaux utilisés par l’espèce sont mentionnés. Nous discutons de ce « nouveau » type de site de nid et du parasitisme de nid chez l’espèce en s’appuyant sur la bibliographie traitant de ces sujets.

 

Quelles nouvelles du Grand Pingouin ?

Henri GOURDIN

Le Grand Pingouin a disparu de l’univers et disparaît progressivement de la mémoire de son prédateur fatal. L’élimination physique, datée conventionnellement de la dernière capture attestée, en juin 1844, est relayée par une disparition progressive de la connaissance humaine y compris dans les milieux spécialisés et les institutions. Exemple : dans l’abondante communication sur le Pays basque, rien ne rappelle aujourd’hui la présence continue de l’oiseau pendant au moins cinq cent mille ans et le rôle déterminant des pêcheurs européens dans son extermination. Retour, dans la continuité de l’article proposé dans le vol. 16 (2016) du Casseur d’os, sur un destin qui préfigure celui des futurs disparus.

Étude des variations de coloration au sein de la population reproductrice de Gypaètes barbus Gypaetus barbatus des Pyrénées, et exploration de l’hypothèse du signal visuel

Stéphane DUCHATEAU, Gonzalo CHÉLIZ, Juan Antonio GIL & Pascual LÓPEZ-LÓPEZ

Ce texte est le résumé d’un article récemment paru dans la revue Ibis (DUCHATEAU S., CHÉLIZ G., GIL J.A. & LÓPEZ-LÓPEZ P., 2022. Adult coloration of the Bearded Vulture (Gypaetus barbatus) in the Pyrenees: relation to sex, mating system and productivity. Ibis, 164: 505-518).
De nouvelles études sont nécessaires pour mieux comprendre le rôle de la coloration cosmétique chez le Gypaète barbu.
Nos résultats sont compatibles avec l’hypothèse d’un signal visuel informant du statut hiérarchique (aptitude au combat) de l’individu. Cependant, les hypothèses (ne s’excluant pas mutuellement) de l’intensité de coloration signalant la stratégie de reproduction ou la qualité individuelle ne peuvent être écartées.

Au nid du Rougequeue à front blanc Phoenicurus phoenicurus

Henri LAPEYRE

Le Rougequeue à front blanc est devenu une espèce nicheuse peu commune dans notre région et sa biologie de reproduction locale y est très peu connue. Aussi, nous avons le plaisir de vous présenter ci-dessous un extrait des carnets de terrain d’H. LAPEYRE pour qui cette espèce est familière.

Sur l ’observation de trois Rats des moissons en Bigorre

SÉBASTIEN PÉRÈS

Un Troglodyte mignon amateur d’épreintes

Jean-Louis SOULÉ & Loïc THIERRY

Nous avons pu observer le comportement assez étonnant d’un Troglodyte mignon Troglodytes troglodytes emportant 2 épreintes de Loutre. Sur la vidéo, on voit bien l’oiseau picorer une épreinte puis l’emporter. Quelques instants plus tard, il revient, picore à nouveau la seconde épreinte puis s’en empare et s’envole avec !

In Memoriam

Pierre MARSAGUET (1950-2022)

Bibliographie passionnelle

Jean-Louis GRANGÉ

 

 

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